Le mastering des pistes est la dernière et l’une des étapes les plus importantes de la production musicale. L’un des principaux paramètres à ce stade est le volume final du matériau, mesuré en LUFS (unités de volume par rapport à la pleine échelle). Cependant, la question de savoir combien de LUFS il faut compresser pour un morceau dépend de nombreux facteurs : le style de musique, les exigences des plateformes de streaming, la géographie de la distribution et même les attentes gustatives du public.
Qu’est-ce que LUFS ?
LUFS est une unité de mesure de la perception humaine du volume sonore du matériel audio. Contrairement à la RMS et à l’amplitude sonore conventionnelle (dBFS), la LUFS prend en compte les particularités de l’audition humaine : la façon dont nous percevons les sons forts et faibles à différentes fréquences.
- LUFS intégré – le volume moyen de la piste entière.
- LUFS à court terme – niveau sonore sur une courte période de temps (par exemple 3 secondes).
- LUFS Momentary – le volume sonore à un moment donné.
Le LUFS intégré est le plus souvent utilisé pour le mastering et la comparaison des pistes.
Exigences de la plateforme de streaming
La plupart des services de streaming modernes normalisent le volume des pistes. Si le mastering est « plus fort » que nécessaire, la plateforme baissera simplement le niveau. Si c’est « plus silencieux », parfois, il le laissera tel quel.
Exigences de base :
- Spotify : -14 LUFS (limite de -1 dBTP (True Peak))
- YouTube : -14 LUFS (normalisation activée par défaut)
- Apple Music : -16 LUFS (utilise la norme Sound Check)
- Amazon Music : -14 LUFS (normalisé par le volume)
- Marée : -14 LUFS (normalisation facultative)
- Deezer : -14 LUFS (normalisation du niveau sonore)
Conclusion : Pour le streaming, le benchmark idéal est considéré comme étant -14 LUFS intégré, mais cela ne convient pas toujours à tous les styles.
LUFS par styles musicaux
LUFS par styles musicaux
- Volume sonore typique : -9 à -12 LUFS
- Motif : forte concurrence, « bataille pour le volume sonore », accent mis sur l’énergie.
- Caractéristiques : Sur les services de streaming, les pistes compressées à -9 LUFS seront réduites à -14 LUFS, mais un mastering agressif conservera une impression de densité.
Recommandation:
- Pour le mastering Spotify/YouTube : visez -13/-14 LUFS.
- Pour un son club ou CD : vous pouvez monter sans problème jusqu’à -9/-10 LUFS.
Rock, Alternatif
- Volume sonore typique : -10 à -13 LUFS
- Raison : Il est important de maintenir la plage dynamique des instruments en direct, mais la puissance est toujours nécessaire.
- Caractéristiques : le rock fortement compressé sonne plat.
Recommandation:
- Sortie en ligne : -12…-14 LUFS.
- Vinyle/Mastering Premium : Jusqu’à -14 LUFS et moins pour préserver l’air.
Jazz, Classique, Musique acoustique
- Volume sonore typique : -18 à -23 LUFS
- La raison : la dynamique et le son naturel sont ici primordiaux.
- Caractéristiques : un mastering trop fort tuera les nuances de la performance.
Recommandation:
- Pour Spotify/YouTube : -18 LUFS est acceptable, parfois vous pouvez laisser -20 LUFS.
- Pour les sorties audiophiles : visez -23 LUFS.
Métal, Hardcore
- Volume sonore typique : -7 à -10 LUFS
- Raison : l’agressivité et la pression sont des éléments clés du son.
- Caractéristiques : Les pistes saturées deviennent souvent déformées lorsqu’elles sont normalisées.
Recommandation:
- Sorties en streaming : -10/-11 LUFS.
- CD/vinyle : jusqu’à -8 LUFS est acceptable, sous réserve de limitation.
Lo-fi, Blues, Folk
- Volume sonore typique : -14 à -18 LUFS
- Raison : L’atmosphère et l’espace sont plus importants que le volume.
- Caractéristiques : un mastering « chaud », légèrement moins contrôlé est autorisé.
Recommandation:
- Plateformes en ligne : visez -14/-16 LUFS.
— Voir aussi : Qu’est-ce que l’alliage dans le son : un problème complexe en termes simples —
Caractéristiques géographiques de la perception du volume sonore
États-Unis et Canada :
- Le public s’est habitué à un mastering plus dense et plus fort.
- Les pistes à -10 LUFS sont considérées comme la norme pour la radio et les clubs.
Europe (notamment Allemagne, Scandinavie) :
- Une plus grande attention à la qualité sonore et à la dynamique.
- -12…-14 LUFS pour les versions grand public est une pratique courante.
Japon:
- Ils apprécient la pureté et le détail du son.
- Les sorties pop et rock sont souvent masterisées dans la plage -12…-14 LUFS.
L’Amérique latine:
- Dans la musique de danse (reggaeton, pop latine), le volume peut atteindre -8 LUFS pour faire « pomper » les pistes même lorsqu’elles sont normalisées.
Caractéristiques de la maîtrise pour différentes tâches
Radio:
- Les stations de radio utilisent leurs propres compresseurs.
- Souvent, les pistes destinées à la radio sont rendues plus fortes (-9 LUFS) que celles destinées au streaming.
CD:
- Il n’y a pas de normalisation du volume.
- Vous pouvez vous permettre de compresser jusqu’à -8/-9 LUFS sans aucune restriction particulière, mais il existe un risque d’écrêtage.
Vinyle:
- Le vinyle limite physiquement trop l’amplitude.
- Les pistes vinyles sont généralement masterisées plus silencieusement (-16 à -20 LUFS).
Conseils pratiques
- Limite de crête réelle : assurez-vous toujours que la limite est d’environ -1,0 dBTP pour le streaming.
- Mastering multi-versions : créez différentes versions d’un morceau pour le streaming, la radio et le CD.
- Écoutez les références : comparez toujours votre travail aux sorties à succès dans votre genre.
- N’ayez pas peur de la dynamique : un mastering trop agressif tuera l’énergie du morceau.
Il n’existe pas de réponse unique et parfaite à la question « combien de LUFS faut-il compresser une piste ». Tout dépend du genre, de la plateforme de publication, du public et des préférences personnelles. Pour la plupart des tâches modernes, la zone de sécurité est considérée comme étant de -13…-15 LUFS intégrée avec une limite de crête réelle d’environ -1 dBTP. Mais rappelez-vous : il vaut mieux avoir un morceau qui sonne dynamique et libre qu’un morceau surchargé, plat et fatigant. La maîtrise est l’art de l’équilibre !